L’Union européenne s’apprête à franchir une nouvelle étape décisive dans sa stratégie de transition énergétique. Alors que l’interdiction des moteurs thermiques pour les voitures neuves est officiellement fixée à 2035, Bruxelles envisage d’avancer cette échéance à 2030. Mais seulement pour les flottes d’entreprises et les véhicules de location dans l’UE. Une mesure qui suscite déjà un vif débat au sein de l’industrie automobile et chez les opérateurs de mobilité.
Un coup d’accélérateur ciblé sur les professionnels dans l’UE
Selon les informations du média Bild am Sonntag, la Commission européenne planche actuellement sur un règlement qui imposerait, dès 2030, l’arrêt de l’immatriculation de nouveaux véhicules à combustion pour les sociétés de location et les flottes d’entreprises. L’objectif affiché : initier la transition par les plus gros rouleurs, qui représentent une part importante du marché automobile européen.
La publication d’un texte officiel est attendue à la fin de l’été 2025. Mais les discussions internes seraient déjà bien avancées. Cette orientation stratégique vise à donner un coup d’accélérateur à la mobilité électrique dans un segment jugé plus structuré et capable de s’adapter rapidement aux contraintes réglementaires.
Mais déjà, des voix s’élèvent à l’encontre de cela dans l’UE. Du côté des professionnels du secteur, les réactions ne se font en effet pas attendre. Le PDG du loueur Sixt, Nico Gabriel, s’inquiète des conséquences pratiques d’une telle décision. « Les vacanciers n’utiliseront quasiment plus de voitures de location et les consommateurs ne pourront pratiquement plus en louer », alerte-t-il. En cause, le manque criant d’infrastructures de recharge à l’échelle européenne, qui rendrait difficile l’exploitation de flottes 100% électriques. Notamment dans les zones touristiques ou rurales.
Un impact massif sur le marché automobile
Certains opérateurs craignent aussi une hausse des tarifs liée au coût encore élevé des véhicules électriques. Par ailleurs, Markus Ferber, député de l’UE CSU, a officiellement demandé à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de bloquer ce projet. Selon lui, cette mesure pourrait pousser les entreprises à acheter des modèles électriques uniquement pour respecter les quotas. Mais sans réelle conviction environnementale.
Si cette interdiction partielle était validée, près de 60% des ventes de voitures neuves seraient concernées. En tout cas, selon les chiffres de l’année précédente (10,6 millions de véhicules écoulés en 2024 dans l’UE). Cela impliquerait que plus de six millions de véhicules électriques devraient être immatriculés chaque année dès 2030. Une transition d’ampleur qui pose la question de la capacité de production. Mais aussi du réseau de recharge, et de la demande réelle au sein de l’UE.
Bonne nouvelle pour les conducteurs particuliers : l’interdiction des moteurs thermiques à essence ou Diesel pour les voitures neuves reste fixée à 2035. Jusqu’à cette date, les achats resteront possibles dans l’UE. Les véhicules déjà en circulation pourront continuer à rouler sans restriction. Même après l’entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire.
L’intention de l’Union européenne est claire : accélérer la transition vers une mobilité électrique. Mais l’avancée de la date d’interdiction des moteurs thermiques pour les professionnels suscite des inquiétudes légitimes. Infrastructures, coût, disponibilité des véhicules : les défis sont nombreux. Reste à savoir si Bruxelles parviendra à faire adopter cette mesure par le Parlement et les États membres d’ici la fin de l’année.