La semaine dernière, Bruxelles a réuni les grands noms de l’automobile européenne, de Volkswagen à Renault en passant par BMW et Mercedes. L’objectif ? Trouver des solutions pour que l’industrie ne se fasse pas doubler par la Chine tout en respectant les engagements écologiques du continent.
Un plan d’action sera dévoilé le 5 mars, a annoncé Ursula von der Leyen. « L’industrie automobile européenne est à un moment charnière », a-t-elle affirmé, en promettant des « mesures d’urgence ». Autrement dit, il faut vite trouver un équilibre entre les régulations environnementales et la réalité économique des constructeurs.
Des amendes en suspens et un marché en berne
En 2025, les constructeurs risquent de lourdes amendes s’ils ne respectent pas les objectifs de réduction des émissions de CO2. Mais face à un marché de l’électrique qui peine à décoller en Europe, la Commission semble prête à leur accorder du lest. Ola Källenius, patron de Mercedes et de l’ACEA, ne cache pas son soulagement et plaide pour une prise en compte du « marché et de la demande ».
Et il y a de quoi s’inquiéter : pour la première fois depuis 2020, la part des voitures électriques dans les ventes a reculé en Europe (13,6% en 2024 contre 14,6% en 2023). Pendant ce temps, la Chine explose les records avec 11 millions de véhicules vendus en 2024 (+40% en un an) !
L’Europe à la traîne sur les batteries
Au-delà des voitures elles-mêmes, un problème de taille se profile : la production de batteries. Un rapport de l’Institut Jacques Delors rappelle que « la Chine devrait contrôler les deux tiers de la production mondiale d’ici 2030 ». Un constat alarmant qui pousse l’UE à agir vite pour développer sa propre industrie.
Malgré ces difficultés, Ursula von der Leyen réaffirme son engagement à maintenir l’objectif d’interdiction des ventes de véhicules thermiques en 2035. Mais la pression monte du côté des constructeurs et des politiques, notamment de la droite européenne, qui demande un assouplissement des réglementations.
Les ONG environnementales, elles, s’alarment. « L’industrie automobile attaque les normes de CO2, qui sont la pièce maîtresse du Green Deal », s’insurge William Todts de Transport et Environnement.
Le défi du commerce international
En plus de la compétition chinoise, l’Europe doit aussi composer avec l’éventuel retour des droits de douane aux États-Unis sous Donald Trump. Et pour ne rien arranger, certaines usines ferment, à l’image de celle d’Audi à Bruxelles, qui cessera sa production fin février.
L’UE a déjà contre-attaqué en annonçant une surtaxe pouvant aller jusqu’à 35 % sur les voitures électriques chinoises. Mais sera-ce suffisant pour relancer l’industrie automobile européenne et préserver ses 13 millions d’emplois ? Réponse dans les prochains mois, avec un premier rendez-vous clé le 5 mars.
En attendant, les constructeurs croisent les doigts pour que Bruxelles leur offre un peu de répit… et quelques flexibilités bienvenues.