Depuis l’instauration du code de la route, le débat sur les limitations de vitesse ne cesse de revenir. Que ce soit 80 km/h ou 90 km/h sur les routes départementales, ou 30 km/h en ville au lieu de 50 km/h, la question se pose aussi pour les autoroutes. En France, la vitesse maximale autorisée est de 130 km/h, mais nos voisins européens ont des approches différentes. Certains, comme la Belgique et les Pays-Bas, limitent à 120 km/h, tandis que d’autres, comme l’Italie ou la République tchèque, permettent de rouler à 150 km/h, et l’Allemagne n’impose pas de limite sur certaines sections de l’Autobahn. Mais quel serait l’avantage de rouler à 150 km/h ?
Un gain de temps, mais limité
Imaginons que toutes les routes en France soient d’abord limitées à 130 km/h, puis à 150 km/h. Pour traverser la France du nord au sud, de Calais à Perpignan, l’application de navigation Maps indique une distance minimale de 1 131 km. À une vitesse constante de 130 km/h, il faudrait environ 8,7 heures, soit environ 8 heures et 42 minutes, pour couvrir cette distance. Le calcul est simple : le temps est égal à la distance divisée par la vitesse. De même, à 150 km/h, le trajet prendrait environ 7,54 heures, soit environ 7 heures et 32 minutes. À première vue, gagner 1 heure et 10 minutes semble avantageux.
Cependant, dans la réalité, certaines parties du trajet, comme le périphérique parisien limité à 70 km/h, ne permettent pas de rouler à 150 km/h. Ainsi, le gain de temps réel serait plutôt d’environ 30 minutes au maximum.
Plus la distance est courte, moins rouler à 150 km/h permet de gagner du temps
Tout le monde ne traverse pas la France de Calais à Perpignan en voiture pendant les vacances. En effet, plus la distance est réduite, moins la vitesse élevée permet de gagner du temps. Prenons l’exemple d’un trajet entre Calais et Bourges, soit environ la moitié de la France : passer de 130 à 150 km/h ne permettrait de gagner qu’environ 30 minutes sur un trajet d’environ 3 heures et 26 minutes. Cependant, ces 30 minutes de gain sont illusoires, car certaines routes ne permettent pas de rouler à 150 km/h, comme le périphérique parisien.
Pour un trajet encore plus court, comme entre Calais et Lille, le gain de temps serait inférieur à 7 minutes. De plus, rouler plus vite entraîne une consommation accrue de carburant. À 130 km/h, certains véhicules dépassent les 3 000 tours par minute, ce qui fait chuter la jauge de carburant rapidement. La plupart des voitures ne sont pas conçues pour maintenir une vitesse de 150 km/h sur de longues distances. Même les voitures sportives, bien que capables d’atteindre des vitesses élevées, ne roulent pas constamment à pleine vitesse.
La vitesse accroît les dangers
Augmenter la limite de vitesse à 150 km/h sur les autoroutes ne permet pas de gagner beaucoup de temps et présente surtout des risques accrus. Plus la vitesse est élevée, plus la capacité visuelle du conducteur diminue. À 130 km/h, le champ de vision d’un automobiliste est de 30°, ce qui signifie que l’on ne perçoit plus ce qui se passe sur les voies adjacentes. À 150 km/h, ce champ se rétrécit encore davantage, augmentant le risque de ne pas voir un danger imminent, même en étant très vigilant.
De plus, la distance de freinage s’allonge. Sur une route sèche, la distance d’arrêt, qui inclut le temps de réaction et la distance de freinage, se calcule en multipliant le chiffre des dizaines de la vitesse par lui-même. Ainsi, à 150 km/h, elle pourrait atteindre 225 m, contre 169 m à 130 km/h, nécessitant donc 56 m supplémentaires pour s’arrêter complètement. Cette différence est significative, d’autant plus que freiner à une vitesse plus élevée use davantage les freins. Il est peu probable que la France adopte un jour une limitation de vitesse de 150 km/h sur les autoroutes.