Si vous circulez dans les rues de Paris, vous avez peut-être remarqué un changement subtil mais significatif dans le paysage urbain : les « petits feux« , ces répétiteurs lumineux situés en partie basse des feux tricolores, disparaissent progressivement. Et non, il ne s’agit pas d’une hallucination, car c’est bel et bien le cas. Mais quelle est la raison ? S’agit-il de vols ou d’une volonté de la maire ? Ne vous en faites pas, nous allons évidemment tout vous expliquer. Et il faut en fait savoir que cette disparition ne doit rien au hasard ni à un mystérieux gang de voleurs de mobilier urbain.
Des feux tricolores qui évoluent
En fait, il s’agit d’une décision délibérée de la Mairie de Paris, rendue possible par un arrêté du 23 septembre 2015, qui a modifié le statut de ces dispositifs en les rendant optionnels et non plus obligatoires. Mais cette mesure est-elle réellement efficace et bénéfique pour les usagers de la route ? La raison principale avancée par la municipalité pour justifier cette suppression est la volonté de mieux protéger les sas vélos. Ces espaces réservés aux cyclistes et utilisateurs de trottinettes, situés entre le passage piéton et la ligne d’effet du feu, ont été instaurés pour garantir une meilleure sécurité aux usagers les plus vulnérables en leur permettant de démarrer en premier lorsqu’un feu passe au vert.
Selon la mairie, la présence des « petits feux » encouragerait les automobilistes à s’arrêter exactement à leur hauteur, ce qui empiéterait systématiquement sur l’espace réservé aux cyclistes. En supprimant ces répétiteurs, les conducteurs de voitures seraient ainsi contraints de s’arrêter plus en amont, en se fiant uniquement au feu principal situé en hauteur, laissant ainsi le sas vélo libre pour ses véritables bénéficiaires. Mais si, sur le papier, cette décision semble pertinente, la réalité sur le terrain est bien différente.
Une mesure qui divise
En circulant dans Paris, on constate rapidement que la disparition des répétiteurs ne garantit pas un meilleur respect des sas vélos. Nombre d’automobilistes continuent de s’arrêter directement sur ces espaces, soit par manque d’habitude, soit par méconnaissance des règles, soit tout simplement par désintérêt. Par ailleurs, la suppression des « petits feux » complique la vie des cyclistes eux-mêmes. Ceux qui respectent les sas vélos doivent désormais se contorsionner pour apercevoir le feu perché en hauteur, ce qui peut être inconfortable, voire dangereux lorsqu’ils doivent jongler avec l’attention à la circulation environnante.
Cette situation est encore plus problématique pour les cyclistes débutants ou les usagers ayant des problèmes de mobilité. En fait, cette initiative de la mairie s’inscrit dans une volonté plus large de favoriser les mobilités douces et de rendre la ville plus accueillante pour les cyclistes. Cependant, les critiques se font entendre sur la pertinence de cette mesure spécifique. Certains experts en urbanisme suggèrent qu’au lieu de supprimer les répétiteurs, il aurait été plus efficace d’en modifier l’implantation ou de renforcer les contrôles pour mieux faire respecter les sas vélos.
D’autres villes ayant une politique cyclable avancée ont opté pour des solutions alternatives, comme des feux spécifiques pour les cyclistes, mieux positionnés et mieux visibles. Paris pourrait s’inspirer de ces modèles plutôt que d’adopter des mesures qui, au final, semblent compliquer la situation plus qu’elles ne l’améliorent.